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Question de Mme Alexandra Borchio Fontimp (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 21/03/2024

Mme Alexandra Borchio Fontimp alerte M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports sur les conséquences désastreuses inhérentes à la suppression de la « navette » Nice - Paris Orly d'Air France.
Ce choix brutal et non concerté avec les élus des Alpes Maritimes envoie un message particulièrement négatif tant en ce qui concerne l'accessibilité du territoire que sur la considération portée au sort du personnel. En effet, si les arguments liés à la rentabilité sont avancés comme des excuses justifiant une telle décision, aucun parlementaire ni édile azuréen ne peut s'en satisfaire ni l'accepter. Véritable menace pour le tourisme et donc pour le rayonnement des territoires maralpins, il s'agit d'une stratégie dangereuse de recentralisation reposant sur le sacrifice intolérable des emplois en province.
Les élus dénoncent la relégation au second rang de l'économie touristique azuréenne alors même que celle ci ne cesse de s'accroître et participe activement à faire connaître notre destination aux quatre coins du monde.
Les usagers de cette ligne aérienne sont fortement attachés à la marque Air France et à sa qualité de service, craignant ainsi que la décision de confier la gestion de cette ligne uniquement à la filiale low cost de l'entreprise Transavia ait pour effet une diminution quantitative et qualitative de l'offre de transport. De surcroît, il n'existe aucune alternative ferroviaire équivalente en termes de temps de trajet, puisque la durée du voyage en train est cinq fois plus importante que celle effectuée en avion.
Air France est une compagnie nationale qui doit continuer à desservir des lignes nationales. Elle ne peut avoir comme finalité de choisir les lieux desservis au seul fondement d'une rentabilité financière. Cette rupture d'égalité menace une destination pourtant incontournable du tourisme national, international de loisirs et d'affaires qui représente 15 % du produit intérieur brut (PIB) du territoire. En outre, ce ne sont pas moins de 150 000 emplois directs ou indirects, dont autant d'êtres humains, qui se retrouvent impactés et soumis à une angoisse permanente.
Enfin et alors que la ville de Cannes vient d'être élue pour la quatrième année consécutive meilleure destination d'Europe pour les événements, notamment l'organisation de congrès de haut niveau, ce ne sont ainsi pas moins de 140 000 congressistes internationaux qui se sont rendus sur le territoire azuréen en 2022 et plus de 10 millions de visiteurs qui sont venus découvrir les joyaux de la Côte d'Azur, dont 28 % l'ont fait par avion.
Pour finir, elle rappelle qu'il est primordial de garantir une desserte équitable de nos territoires. La notion de compétitivité ne peut exclure celle d'égalité, valeur fondamentale de la République française. Le cas de la ligne Nice - Paris Orly n'est pas isolé puisque les villes de Marseille, Toulouse ou encore Lyon font l'objet d'un même mépris, tout aussi condamnable.
Aussi, elle demande au Gouvernement s'il compte intervenir afin de maintenir cette liaison aérienne opérée par Air France qui s'avère essentielle tant d'un point de vue humain, économique que touristique.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé du logement publiée le 10/04/2024

Réponse apportée en séance publique le 09/04/2024

M. le président. La parole est à Mme Alexandra Borchio Fontimp, auteure de la question n° 1169, adressée à M. le ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des transports.

Mme Alexandra Borchio Fontimp. Le 18 octobre 2023, la compagnie Air France a annoncé, via un simple communiqué, mettre fin à ses liaisons aériennes en partance et en provenance de l'aéroport d'Orly. Notre compagnie, pourtant nationale, ne desservira donc plus Nice, Marseille ou encore Toulouse dès 2026. Il s'agit d'une décision brutale, lourde de conséquences, prise sans aucune concertation avec les élus et acteurs concernés ! Ce sont pourtant ces derniers qui, par leur travail de qualité, permettent d'attirer les voyageurs vers nos territoires, et ce grâce à des événements de renommée mondiale.

Sénatrice des Alpes-Maritimes, mais aussi présidente du comité régional du tourisme Côte d'Azur France, je le regrette sur un plan non seulement humain, mais également économique, puisque nous sommes la première destination touristique après Paris.

Cette dégradation de l'offre inquiète, et à juste titre ! J'ai saisi le Gouvernement. Avec Éric Ciotti, nous avons rencontré les syndicats du personnel, très inquiets, comme vous vous en doutez. Puis, nous avons alerté - encore ! - le Premier ministre, le 2 avril dernier, afin que la compagnie prenne le temps de la concertation.

Je le précise, l'alternative ferroviaire n'est pas une option crédible pour nous. Un trajet en train entre Nice et Paris, c'est, en moyenne, sept heures : un déplacement pour un rendez-vous professionnel dans la journée est donc impossible !

Vous allez me répondre que le Gouvernement sera « attentif » à la situation. Mais le président de Transavia a refusé de s'engager à maintenir les créneaux actuels d'Air France et la qualité du service sera inférieure ; c'est le principe d'une compagnie low cost.

Le plus grave demeure le message envoyé. La province est abandonnée, méprisée, déclassée. Le 12 décembre, à l'Assemblée nationale, le Gouvernement a publiquement regretté cette décision et s'est engagé à mener une concertation avec les élus. Quatre mois plus tard, toujours rien !

Je vous le demande solennellement : quand serons-nous associés au devenir des liaisons opérées par la filiale d'Air France entre Paris et nos territoires ? (Mmes Frédérique Puissat et Marie-Arlette Carlotti applaudissent.)

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Guillaume Kasbarian, ministre délégué auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé du logement. Madame la sénatrice Borchio Fontimp, les annonces de la compagnie Air France doivent s'analyser au regard des évolutions structurelles de la demande sur le marché domestique depuis la crise sanitaire.

Durant cette crise, les organisations et les habitudes de travail ont - vous le savez - profondément évolué et entraîné une baisse du trafic aérien lié au voyage d'affaires, en particulier sur les liaisons de et vers Paris.

Alors que, dès novembre 2023, le trafic aérien en France a retrouvé son niveau de 2019, la fréquentation sur les lignes radiales du trafic domestique dépassait à peine 70 % de son niveau d'avant crise au mois de février. Le trafic de la navette Orly-Nice a baissé de près de 60 % par rapport à 2019. La clientèle d'affaires est ainsi passée d'un peu plus de 100 000 passagers en 2019 à 50 000 en 2023.

Dans ce contexte, il est souhaitable qu'Air France mette en oeuvre des solutions permettant d'améliorer sa rentabilité ; c'est la condition de sa pérennité face à la concurrence.

Toutefois, le Gouvernement vous rejoint sur le fait que ces évolutions ne doivent pas se faire au détriment des territoires et de leur connectivité. Le groupe a bien confirmé que cette évolution s'accompagne, d'une part, du renforcement des liaisons opérées par Air France de Nice vers Paris-Charles de Gaulle, dont le nombre de rotations est passé de sept par jour en 2019 à dix par jour à l'été 2024 et continuera d'augmenter, et, d'autre part, du développement des liaisons de Transavia vers Paris-Orly.

La compagnie Transavia, en pleine croissance, pourra utiliser sur ses lignes au départ d'Orly les nouveaux Airbus A320neo, qui remplacent progressivement depuis 2024 les Boeing 737 d'ancienne génération, ce qui est - nous le pensons - un gage d'amélioration des conditions de transport des passagers.

Le Gouvernement est conscient de l'importance du maintien de la connectivité de Nice et de la Côte d'Azur. Le ministre délégué chargé des transports veillera à ce que le groupe Air France y reste un acteur majeur au service du territoire et de ses acteurs. Celui-ci tient également à vous faire part du travail qui a été lancé entre la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la ville et le groupe Air France sur l'avenir de la desserte de la ville de Nice. Nous y sommes particulièrement attentifs.

Pour plus d'informations, je vous invite à vous rapprocher du ministre délégué chargé des transports, qui suit évidemment le sujet avec grande attention.

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